Sentez-vous, vous aussi, qu’à un moment donné, les heures s’en vont et le temps se suspend ?
Comme si tout s’arrêtait et rien ne pouvait vous atteindre ?
C’est un sentiment qu’on a tous déjà connu au moins une fois dans sa vie, et qui arrive au moment où la concentration est à son apogée.
Le corps se met alors en pilote automatique, et avec le cerveau, ils effectuent les mouvements sans réfléchir, qui sont, pour la plupart du temps, non perceptibles au moment présent. Pourtant, c’est une sensation inéluctable quand on en prend conscience.
Être au sommet de sa concentration, connaître la recette pour être productif et efficace, de manière à atteindre nos objectifs rapidement, ça fait rêver, n’est-ce pas ? La bonne nouvelle, c’est que cette chimère n’est pas utopique et même loin d’être inatteignable !
Dans cet article, on vous raconte comment y parvenir, en passant au peigne fin les méthodes des athlètes sportifs et l’explication du fonctionnement du cerveau !
Cet article est une revue du documentaire “Achieving flow”.
L'état de flow : définition
Le flow ? Qu’est ce que ce terme anglais peut bien vouloir dire en réalité ?
Vaste notion, très floue, qui consiste à la définir comme un état de transe.
C’est l’impression que le temps s’arrête. Que les minutes durent des heures et les heures des minutes.
C’est d’après Thierry Omeyer, handballeur professionnel, l’impression de voir tout un peu plus tôt, un peu plus vite.
C’est une sorte de super pouvoir qui se développe lors de phases de travail acharnées, que ce soit au bureau ou même sur un stade.
L’oncle de Rafael Nadal (et entraîneur) dit lui même que la réussite de son neveu est due à énormément de travail. Ce travail qui le rend dans cet état de transe pendant les matchs et lui permet d’arriver là où il en est aujourd’hui.
Cet état de concentration intense se manifeste quand tous les bruits venant de l’extérieur n’en sont plus. Que ces bruits, au-delà de ne pas être nuisibles, ne sont même plus perceptibles.
Physiquement, que se passe-t-il ?
La partie de notre cerveau rationnelle, celle qui effectue des tâches cartésiennes, liées à des actions de planification ou des calculs, est complètement désactivée. Et pour arriver à cet état de plénitude, à ce moment-là, il ne peut rien nous arriver.
Prenons l’exemple d’un écrivain type, qui, après un certain moment de transe, s’éveille, comme s’il revenait à la vie, et se stupéfait de la qualité de ce qu’il vient d’écrire. En jugeant son travail, comme aussi inestimable que l’or, il comprend alors qu’il était dans cet état de flow.
Cette efficacité et productivité ressenties l’amènent parfois à réussir à écrire un chapitre en une journée alors que cela peut prendre un temps infiniment plus long certains autres jours. C’est une action naturelle, qui ne demande aucun effort de la part de celui qui vit cet état de flow.
Aussi addictive qu’une drogue, cette sensation nous donne l’impression d’être plus joyeux, ou encore plus fort ou plus performant (ou du moins nous en donne l’impression).
Comment ça marche chimiquement et physiquement ?
Nous en parlions plus haut, la partie du cerveau qui exécute les tâches supérieures, que l’on appelle cortex préfrontal, se désactive. En effet, des études ont été réalisées sur des musiciens professionnels de jazz, en pleine improvisation.
Chez eux, il a été identifié que cette zone du cerveau est beaucoup moins active à cet instant précis. Cela prouve qu’ils sont en état de transe et qu’ils ne pensent même plus à ce qu’ils sont en train de faire. C’est le pilote automatique qui agit seul.
En réalité, le cortex demande beaucoup trop d’énergie, et quand on arrive dans cet état d’expérience optimale, il est beaucoup moins utilisé.
Cependant, se retrouver dans cet état de flow ne signifie pas que l’on est dans notre zone de confort. Non, cela n’a absolument aucun lien . L’état de flow arrive lorsque le challenge donné est à la hauteur de nos compétences. Mais cela reste un challenge.
Alors que lorsqu’on est dans sa zone de confort, on essaie de limiter ces challenges justement pour rester sur un terrain que l’on connaît.
Exemple
Dans la philosophie chinoise, cela s’appelle “wu wei” autrement dit «agir sans un effort piloté par la volonté».
Un athlète entraîné depuis longtemps, qui est professionnel et qui connaît tout sur le bout des doigts, peut atteindre le flow car il n’est plus dans la phase d’apprentissage. En fait, pour être encore plus clair, quand ça fait partie de nous et qu’on a plus l’impression d’être dans l’effort, on atteint le flow plus facilement.
Finalement, le flow est la récompense de beaucoup de travail réalisé en amont. On pourrait le résumer ainsi “No pain no gain”.
Oui, le travail bien fait, la pratique et la connaissance de son sujet, nous mène à ne plus avoir l’impression de travailler avec acharnement, car on le fait machinalement (et bien !).
Comment développer cet état de flow ?
Ça donne envie de l’atteindre ce nirvana, n’est-ce pas ? Alors, comment fait-on ?
Eh bien, lorsque le challenge demandé correspond à vos compétences, par exemple, vous êtes très bon en dessin et on vous demande de dessiner un paysage (que vous avez déjà répété maintes fois, votre état de flow se développe).
La clé réside donc dans sa capacité de relever un challenge. Ainsi, au moment où on passe à l’action, rien ne nous arrête et on se met dans notre bulle en phase d’exécution.
Dans certains cas, ce sont les éléments extérieurs qui vont conditionner cet état de flow. C’est par exemple le cas des jeux vidéos.
Quand la performance du joueur baisse, le niveau de difficulté du jeu lui aussi s’amoindrit. Ainsi, le joueur retrouve le bon ratio challenge/capacité propice à l’état de flow.
D’ailleurs, l’état de flow ressenti et vécu ne participerait-il pas au bonheur ?
Puisque le bonheur est dépendant d’un équilibre adéquat entre vie personnelle et vie professionnelle, il se traduit ici par le juste milieu entre “c’est difficile, je ne sais pas si je vais y arriver” et “je sais que je peux y arriver”.
Nous n’avons pas forcément besoin d’être dans un travail très créatif ou stimulant : un ouvrier dans une usine est tout aussi sujet à l’avoir.
Répéter 500 fois par jour la même tâche, la même série de mouvement. Cela peut paraître redondant, mais cette personne avait un niveau de bien-être très élevé alors qu’on aurait tendance à imaginer la situation inverse.
Cet ouvrier se fixait lui-même des défis, une sorte de gamification de son travail. Il évaluait combien de temps cela lui prenait d’effectuer sa série de mouvement (pour se donner un élément de mesure) et se donnait le défi de battre ce record. Il a alors ajouté les paramètres du jeu à son métier.
Le cerveau humain aime plein de choses, et le challenge fait partie de ses péchés mignons. A l’inverse, il peut s’ennuyer vite si les compétences dépassent les difficultés de la tâche et dans le cas extrême, mener au bore out.
Cet état de concentration intense est aussi possible si l’on est en train de faire son WIG (Wildly Important Goal). C’est l’objectif principal que l’on se fixe chaque jour et nous devons être prêts à tout pour l’atteindre.
Comment conserver cet état de flow malgré les distractions ?
Nous avons vu ce que c’était, comment ça marchait, comment l’obtenir et maintenant comment le conserver. Car bien sûr, il y a certaines choses à éviter et il ne faut pas se décourager si nous ne l’atteignons pas tout de suite.
Le syndrome de la feuille blanche est souvent perçu comme une fatalité. Mais la résistance ne doit pas nous empêcher d’aller chercher cet état de flow
Au début des projets, c’est plus souvent difficile de l’avoir. Notre petite voix dans la tête nous répète que l’on ne va pas y arriver, que c’est trop dur, un auto-jugement permanent qui se met en place lors des premiers instants.
“You struggle until you feel the flow”, autrement dit, vous luttez jusqu’à ce que vous ressentiez le flow. Il ne faut surtout pas se décourager ou même forcer car cela vient naturellement au bout d’un temps de travail.
Le déclencheur type ?
L’autonomie. Car nous sommes seuls et guidés par notre unique motivation. Vous n’êtes sûrement pas sans savoir que la motivation que l’on se donne soi même est plus forte que celle donnée par quelqu’un d’extérieur.
Se couper du monde extérieur pour passer le travail en mode “deep work”, quand notre objectif passe avant la distraction et devient une priorité dans la journée. Éviter ce tourbillon dont personne n’échappe qui nous empêche d’avancer.
Au final on peut voir que tout le monde peut l’atteindre, qu’il ait un travail épanouissant ou non, sportif ou non. Lorsque l’on est expert, y accéder devient une suite logique des choses car c’est en s’améliorant de jour en jour que l’on peut se dépasser et être pleinement présent au maximum de ses capacités.
Freelances, entrepreneurs, salariés, ne vous en faites pas, le flow appartient à tout le monde et est propre à chacun. On est sûrs que maintenant vous réalisez que vous l’avez déjà vécu !