Les erreurs à éviter quand on met en place le télétravail

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Les erreurs à éviter quand on met en place le télétravail

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Depuis quelques années, le télétravail s’est imposé comme une nouvelle norme pour de nombreuses entreprises. D’abord perçu comme une solution d’urgence, il est devenu une attente forte de la part des salarié·es qui y voient un moyen de mieux équilibrer vie professionnelle et personnelle. De l’autre côté, les organisations y trouvent un levier d’attractivité, voire de productivité… du moins quand il est bien mis en place.

Car derrière ses apparences séduisantes, le télétravail peut vite se transformer en casse-tête. Conflits internes, communication plus difficile, collaborateurs isolés, perte de sens ou de motivation : les effets d’un déploiement mal pensé peuvent être dévastateurs.

Le problème ? Trop d’entreprises ont voulu aller vite, sans prendre le temps de poser un cadre. Et les erreurs se paient cher, aussi bien sur le plan humain qu’organisationnel.

Dans cet article, on fait le point sur les erreurs les plus fréquentes à éviter lorsque l’on met en place le télétravail. Objectif : vous permettre de construire un modèle durable, efficace… et vraiment bénéfique pour toutes les parties prenantes.

Erreur n°1 : improviser la mise en place du télétravail

Le télétravail ne se limite pas à « travailler de chez soi avec une bonne connexion Wi-Fi ». Il implique une véritable réflexion sur les modes de fonctionnement de l’entreprise, ses outils, sa culture managériale et ses processus de communication.

L’erreur la plus fréquente ? Se lancer sans cadre, en pensant que tout le monde saura s’adapter naturellement. Résultat : chacun fait comme il peut, les équipes perdent leurs repères, et les managers se retrouvent à gérer des urgences au lieu d’anticiper.

Certaines entreprises pensent que la solution miracle est de rédiger une charte du télétravail. C’est utile, bien sûr, mais ce n’est pas suffisant. Ce qu’il faut avant tout, c’est un véritable travail d’alignement en amont :

  • Quels jours sont télétravaillables ?
  • Quelles tâches sont compatibles ?
  • Quels outils doit-on utiliser (et dans quel cadre) ?
  • Quelle disponibilité attend-on des collaborateur·ices ?
  • Comment mesure-t-on la performance à distance ?

Un autre piège courant : penser que ce sont aux salarié·es de s’adapter sans accompagnement. Or, tout le monde n’a pas la même aisance à gérer son emploi du temps, organiser son espace de travail ou maintenir un rythme productif en dehors du bureau. Le rôle de l’entreprise est de créer les conditions pour que le télétravail fonctionne.

Bon réflexe : commencer par un diagnostic partagé. Recueillir les besoins des équipes, échanger sur les pratiques existantes, identifier les points de friction. Cela permet de co-construire un cadre juste et applicable, et surtout, de faire adhérer chacun·e à ce nouveau fonctionnement.

Erreur n°2 : négliger les outils indispensables au télétravail

Le télétravail repose sur un socle d’outils bien choisis. Et pourtant, c’est souvent une étape négligée : on se contente de quelques visioconférences, d’un chat interne et d’une feuille.

Les outils ne sont pas juste des gadgets. Ce sont eux qui permettent de garder le lien, de fluidifier la collaboration, de structurer les journées, même à distance. Sans une bonne configuration technique, le télétravail devient vite source de lenteur et de confusion.

Mais attention : trop d’outils tuent l’outil. Slack, Microsoft Teams, Notion, Trello, Zoom, Google Drive… et personne ne sait vraiment quand utiliser quoi. Ce flou ralentit les échanges et dilue l’information.

Autre point souvent mis de côté : la sécurité des données. En télétravail, les fichiers circulent, parfois sur des réseaux personnels non protégés. Un oubli de mot de passe ou un lien mal partagé peut vite entraîner des risques juridiques ou une perte de confidentialité.

Notre conseil : faire un point avec l’équipe (ou une personne référente) pour identifier les outils adaptés aux besoins, sécuriser les accès, et former les équipes à leur bonne utilisation.

Erreur n°3 : perdre le lien avec les équipes en télétravail

L’un des plus grands dangers du télétravail, c’est l’isolement. Quand chacun·e travaille de chez soi, sans échanges informels ni moments collectifs, le sentiment d’appartenance à l’équipe peut vite s’effriter. Et cela ne concerne pas uniquement les nouveaux arrivant·es : même les collaborateur·ices en poste depuis longtemps peuvent se sentir mis·es à l’écart s’il n’y a plus de lien humain.

Le télétravail ne doit pas rimer avec silence radio. La communication à distance demande plus d’effort, pas moins. Et elle ne peut pas se limiter aux tâches à faire ou aux réunions. Il faut aussi recréer, autrement, ce qui faisait la vie du bureau : les échanges spontanés, l’humour du quotidien, les discussions autour d’un café.

Ce que vous pouvez mettre en place : instaurer des rituels simples, réguliers et accessibles à toutes et tous. Un point hebdo collectif (même court), une messagerie dédiée aux échanges informels, une visio sans ordre du jour une fois par mois… Ce sont ces petits gestes qui entretiennent le collectif, même à distance.

Et n’oublions pas que le télétravail ne convient pas à tout le monde de la même manière. Prendre des nouvelles, écouter les besoins individuels, offrir des options hybrides… Tout cela fait partie du rôle de l’entreprise pour que le travail à distance reste un choix positif, pas un isolement subi.

Erreur n°4 : évaluer la performance comme en présentiel

L’un des pièges les plus fréquents quand on adopte le télétravail, c’est de continuer à raisonner avec des indicateurs issus du présentiel. Horaires de connexion, présence visible sur les outils, réactivité en temps réel… autant de critères qui n’ont plus forcément de sens à distance.

Le télétravail nécessite un changement de posture managériale. Ce n’est pas parce qu’un·e salarié·e est en ligne toute la journée qu’il ou elle est efficace. Et inversement, un temps de réponse un peu plus long ne signifie pas nécessairement une baisse d’implication. Ce qu’il faut observer, ce sont les résultats, pas les apparences.

En conservant une approche classique du suivi, on risque de créer de la méfiance ou du stress inutile. Certain·es collaborateurs et collaboratrices peuvent se sentir surveillé·es, infantilisé·es, voire découragé·es si on mesure leur travail uniquement par leur présence « digitale ».

Ce qui compte vraiment en télétravail, ce sont les livrables, la qualité du travail fourni, la capacité à collaborer à distance. 

Il peut aussi être utile de former les managers à ces nouveaux repères : comment fixer des objectifs adaptés ? Comment faire confiance sans renoncer au suivi ? Comment valoriser les efforts sans avoir tout le monde sous les yeux ?

Bref, le télétravail impose de repenser les règles du jeu. Et cela passe par une remise en question des outils d’évaluation traditionnels.

Erreur n°5 : oublier de former au télétravail (managers comme salarié·es)

Du côté des salarié·es, le télétravail exige une grande autonomie, une bonne capacité d’organisation, la gestion du temps, et parfois même… savoir dire stop. Car sans cadre physique, la frontière entre pro et perso devient floue, et la charge mentale peut exploser.

Mais les managers aussi doivent être accompagnés. Le pilotage d’une équipe à distance n’a rien à voir avec le management en face à face. Il faut apprendre à déléguer autrement, à instaurer la confiance, à maintenir la cohésion sans tomber dans le contrôle permanent. Et ce n’est pas inné.

Ce que l’on oublie souvent, c’est que le télétravail transforme profondément les dynamiques internes. Il modifie les circuits d’information, les interactions, la culture d’équipe. Ne pas se préparer à ces évolutions, c’est prendre le risque de créer des malentendus, des tensions, ou des pertes de repères.

Alors non, le télétravail ne s’improvise pas, et il ne s’apprend pas uniquement sur le terrain. Intégrer des temps de formation, des échanges de bonnes pratiques, voire du mentorat entre pairs peut vraiment faire la différence.

Erreur n°6 : ne pas adapter l’organisation RH au télétravail

Mettre en place le télétravail ne se limite pas à un accord moral ou à quelques ajustements logistiques. C’est une véritable transformation des conditions de travail, qui doit être prise en compte par les ressources humaines à tous les niveaux : juridique, administratif, organisationnel.

L’un des oublis fréquents concerne le droit à la déconnexion. Quand on travaille depuis chez soi, la tentation est grande de répondre à un message à 22h ou de finaliser un dossier le dimanche. Sans règles claires, on alimente une culture du “toujours disponible”, néfaste à long terme pour la santé mentale comme pour la productivité.

Autre point souvent mal anticipé : la prise en charge des frais liés au télétravail (électricité, mobilier, abonnements…). Certaines entreprises n’ont aucune politique en la matière, laissant les salarié·es assumer seuls des coûts qui ne devraient pas l’être.

Et puis, il y a tous ces petits détails qui deviennent vite des sources de flou :

  • Le salarié est-il couvert en cas d’accident à domicile ?
  • Comment gère-t-on les arrêts maladie ou les congés quand la personne est déjà chez elle ?
  • Peut-on imposer une journée de présence au bureau par semaine ?

Ce sont des questions RH, mais aussi stratégiques, car mal encadrées, elles peuvent générer du mécontentement, voire des litiges.

Le télétravail implique donc une révision des pratiques internes. Cela passe par une actualisation du règlement intérieur, une adaptation des contrats ou avenants, et une réflexion globale sur l’expérience collaborateur·ice.

Rien de très compliqué, mais rien à négliger non plus. Une organisation bien structurée, c’est la clé pour que le télétravail s’inscrive dans la durée.

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